A l'occasion du 19e Printemps des poètes, cette anthologie invite à découvrir la poésie africaine.L'anthologie que nous publions pour la 19e édition du Printemps des Poètes est une invitation à explorer le continent injustement méconnu de la poésie africaine. Et cela ressemble à un voyage. Voyage dans le temps, à la rencontre des griots et de l'oralité native du poème ; voyage dans l'espace, d'est en ouest, du nord au sud, sans ignorer les territoires situés au-delà du continent. Car toutes les Afriques cohabitent dans ce livre [...] : méditerranéenne, saharienne, sahélienne, équatoriale, australe ; américaine quand le poème devient blues ; Afrique des Éthiopiques et des Atlantes ; Afrique noire, blanche, ou métisse, continentale ou insulaire, qui s'étire jusqu'aux Antilles et à Mayotte. Un monde s'éveille sous nos yeux : celui des rythmes incandescents et de la parole libérée.
" A la lisière du temps : cette phrase est un défi à la raison. Bien que nous ne sachions pas si le temps a eu un commencement et s'il aura une fin, nous savons qu'il n'est pas un terrain ni un bois, une étendue où l'on distinguerait un ici d'un là-bas. Le temps n'a pas de côtés. Certes, il possède un avant, un après et un maintenant, mais nul ne peut se situer à la droite du 5 octobre 1843, ni à la gauche de cet instant même. Pourtant, devant le sourire de réprobation du professeur de philosophie, Claude Roy hausse les épaules [...] et s'enfonce dans les corridors du temps. Ils sont transparents et interminables. Claude Roy marche lentement, les yeux entrouverts, lucide et somnambule ; il va par un chemin sinueux fait de tournants et de bifurcations, de raidillons et de pentes, de tours et de retours. Profusion de répétitions et de réitérations, d'espaces blancs et en friche, de places fermées et de murs qui sont des miroirs illusoires où se reflètent des figures non moins illusoires. Ces figures ont l'intensité des images qui peuplent le rêve, de même que leur fragilité. Elles apparaissent, disparaissent, réapparaissent, se transforment, s'illuminent, s'évanouissent en brume. Cristallisations de temps, elles durent ce que dure un battement de paupières, elles sont d'ici et de là-bas, elles vivent dans le temps présent et dans un autre temps qui s'écoule, dans un là-bas qui ne se trouve nulle part, je veux dire : ici même. " Extrait de la préface d'Octavio Paz.
L'oeuvre d'Andrée Chedid est une quête d'humanité, un questionnement sur la condition humaine, entrevue à travers les heurts des civilisations du monde méditerranéen. Il ressort de ses poèmes une foi profonde, un grand espoir en l'homme et dans la vie.