Ernst Cassirer (1874-1945) fut l’un des principaux acteurs des débats philosophiques et épistémologiques de l’entre-deux-guerres en Allemagne. Héritier de la tradition épistémologique kantienne et néo-kantienne, Cassirer fut confronté à une situation épistémologique sans précédent : la pluralisation des géométries montrait que l’idée de connaissance était susceptible de variation dans ses propres modes d’objectivation. Tirant philosophiquement toutes les conséquences de cette situation inédite, Cassirer reconnut [...] l’égale valeur de modes d’objectivation jusqu’alors considérés comme seulement propédeutiques à la connaissance scientifique, tels le langage, le mythe, la technique ou le droit. Il a forgé, avec la notion de « forme symbolique » un outil conceptuel original qui articule sciences de la nature et sciences de la culture en plaçant, au coeur des modes de l’objectivation, la capacité de transformation propre au sens. Il a, ce faisant, déplacé le centre de gravité de la philosophie kantienne du transcendantal au sémiotique.
"Qu'est-ce que la vie" ? , se demandent depuis des siècles naturalistes, biologistes et philosophes. Et si, pour tenter d'y répondre, on renonçait à donner du monde vivant une définition figée, pour mieux prendre en compte sa nature dynamique et ses échanges permanents avec le reste de l'univers ? De fait, la nature et maintenant les laboratoires recèlent un incroyable bestiaire d'infravies, des entités qui défient la classification binaire entre vivant et non-vivant. Plus surprenant encore, il ne s'agit pas d'exceptions mais, au [...] contraire, des éléments mêmes sur lesquels repose l'existence du monde vivant. Ce livre révèle ces infravies et les accueille dans une nouvelle perspective théorique. Il propose une caractérisation scientifique inédite du vivant, qui exige d'abandonner certaines des métaphores les plus puissantes de notre temps, comme celle du vivant-machine. Cette épistémologie renouvelée, amenant à concevoir une vie sans frontières, a des répercussions majeures sur le regard éthique que nous posons sur les vivants. Un ouvrage d'une puissante originalité.
Au sommaire : Préface. 1- D'étranges objets 2- Vitalismes et animismes 3- Les démons de Maxwell 4- Cybernétique microscopique 5- Ontogénèse moléculaire 6- Invariance et perturbations 7- Evolution 8- Les frontières 9- Le royaume et les ténèbres.
Dix-neuf chercheurs, mathématiciens, artistes ou théoriciens mènent ici des réflexions approfondies sur les lieux d’échanges des arts et des sciences Leur champ d’étude s’étend de la musique sérielle jusqu’à la peinture abstraite en passant par de nombreuses disciplines pointues. Sont ainsi balisés les vastes domaines à la croisée de l’épistémologie et de l’esthétique qui sont aujourd’hui au coeur du débat, et dont l’analyse est susceptible d’éclairer maints problèmes.
Les rapports qui de tout temps ont uni [...] mathématique et art sont tout d’abord examinés dans une perspective poétique et historique générale, aboutissant à une vision globale. Plus avant, on trouvera des articles spécialisés, plus techniques mais toujours d’accès aisé, s’articulant autour de problématiques de la perspective et de son évolution à travers le temps, d’une part, et de la proportion - nombre d’or, séries musicales et poétiques, rythme - d’autre part. La géométrie substrat essentiel de l’architecture et de la représentation parcourt également les réseaux pluridisciplinaires de cet ouvrage.
Issu du Colloque de Cerisy organisé en 1991 par le séminaire de Philosophie et Mathématiques de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm sous l’égide de Maurice Loi, le recueil Mathématiques et Arts répond donc à une double vocation pédagogique et spéculative, théorique et pratique, qui le rend accessible aussi bien au lecteur désireux de posséder une vue d’ensemble de l’état actuel de la recherche, qu’au spécialiste qui y trouvera matière à sa propre réflexion.
Auteurs: Maurice Loi, René Passeron, Jacques Mandelbrojt, Pierre Cartier, Jean-Claude Pont, Albert Flocon, Philippe Boudon, Joël Sakarovitch, Jean-Claude Oriol, Maddalena Mazzocut-Mis, Jean Wirth, François Rouzaud, Jean Noël Rouzaud et Emmanuel Lemaire, Serge Dentin, Hugues Dufourt, Marguerite Neveux, Pierre Lusson, Jacques Roubaud, Jean Claude Risset, Jean-Marc Lévy-Leblond et Maurice Loi.
Au sommaire : Projet (Pour une dialectique poïétique de la démesure). Poétique I (Spontanément mathématique. Art, science et transformation. Autre perspective. Simulacres). Plan (Prolégomènes à une architecturologie. Stéréotomie et géométrie. "Vingt-six carrés blancs sur fonds blancs en quatre gris"). Perspective (Esthétique, épistémologie et vision de la forme. Les obstacles à l'instauration de la perspective. Les hommes, préhistoriques ont-ils utilisé la perspective curviligne ?). Poétique II (La science comme art. Musique, "mathesis" et crises de l'antiquité à l'âge classique). Proportion (Le nombre d'or chez Seurat ? Entendre le formel, comprendre la musique. Poésie et nombre. Aujourd'hui, le son musical se calcule. le Pont des Arts).
Table des illustrations p. [251] : Jacques Mandelbrojt, Albert Flocon, François Morellet, Giovanni Anselmo, Giuseppe Penone, Piotr Kowalski, Joseph Beuys, ...
Nous avons toutes et tous été fascinés par ce mystère : une chenille se métamorphose en papillon. Leurs corps n’ont presque rien en commun. Silhouette, anatomie, habits différents. L’un rampe quand l’autre voltige. Ils ne partagent pas le même monde : le sol contre l’air. Pourtant, ils sont une seule et même vie. Un seul et même moi. Ce livre affirme que la métamorphose - ce phénomène qui permet à une même vie de subsister en des corps disparates - est aussi la relation qui lie toutes les espèces entre elles, qui unit le [...] vivant au minéral. Bactéries, virus, champignons, plantes, animaux : nous sommes toutes et tous une même vie. Chacune de ses vies est à son tour la métamorphose de la chair infinie du monde. Nous sommes le papillon de cette énorme chenille qu’est notre Terre (4e de couv.).
Table :
Introduction.
La continuité de la vie.
Des formes en nous.
I. Naissances.
1) Tout moi est un oubli. 2) Une seule et même vie. 3) Naissance et nature. 4) Gémellité cosmique. 5) Donner naissance ou la migration de la vie. 6) Le carnaval des dieux. 7) La parole de la Terre. 8) La métamorphose comme destin. 9) Miroir du monde.
II. Cocons.
1) Transformations. 2) Insectes. 3) Tout vivant est une chimère. 4) Un oeuf postnatal. 5) Rajeunissements. 6) Une nouvelle idée de la technique. 7) La métamorphose des plantes. 8) Le cocon du monde.
III. Réincarnations.
1) Alimentation et métamorphose. 2) Être mangé.e.s. 3) La transmigration du moi et la réincarnation. 4) Génétique et réincarnation. 5) L'ombre des espèces.
IV. Migrations.
1) La migration planétaire. 2) Théorie du véhicule. 3) La grande Arche. 4) Tous à la maison. 5) La vie domestique des non-humains. 6) Invasions.
V. Associations.
1) La ville multispécifique. 2) L'architecture interspécifique. 3) Notre esprit est toujours dans le corps des autres espèces. 4) La nature contemporaine.
Conclusion.
« L’histoire - note Léon Brunschvicg - est le laboratoire du philosophe ». Cette idée nous a semblé définir la perspective de l’épistémologie historique qui se développe dans les années trente avec Cavaillès, Bachelard et Lautman. Il s’agit bien en effet d’une réforme des notions classiques de la philosophie, la conscience, la raison, l’imagination, le rapport entre la pensée et le sensible, la subjectivité et l’objectivité, mise en oeuvre et mise en expérience dans une histoire des sciences. Bien que la philosophie [...] en France après guerre se détache largement de l’histoire des sciences, elle restera marquée par cette réforme philosophique commencée dans les années trente. C’est du moins ce que nous voulons montrer.
Nous nous proposons de présenter les grandes articulations de l’épistémologie historique, autour de Cavaillès, d’analyser les opérations conceptuelles qu’elle accomplit, pour en suivre le retentissement jusque dans la philosophie contemporaine.