Figé, le corps de l'Innommable est incapable de se mouvoir. Cependant, il a à parler. Les personnages de Molloy, Malone, passent et repassent, tournant autour de lui. Ils veulent le contraindre à continuer d'être, le forcer à continuer de dire. Alors l'Innommable va créer d'autres mondes, donner voix à d'autres lui-même.
Roman écrit en français en 1946, où apparaît le premier des couples beckettiens, montrant cet éternel besoin de l'interlocuteur, quête de l'autre et échange incertain, voire impossible, qui forme le mouvement dramatique de l'oeuvre.
« Dans Fin de partie il y a déjà cette notion d’immobilité, cette notion d’enfouissement. Le personnage principal est dans un fauteuil, il est infirme et aveugle, et tous les mouvements qu’il peut faire c’est sur son fauteuil roulant, poussé par un domestique, peut-être un fils adoptif, qui est lui-même assez malade, mal en point, qui marche difficilement. Et ce vieillard a ses parents encore, qui sont dans des poubelles, son père et sa mère qu’on voit de temps en temps apparaître et qui ont un très charmant dialogue [...] d’amour.
Nous voyons deux êtres qui se déchirent, qui jouent une partie comme une partie d’échecs et ils marquent des points, l’un après l’autre, mais celui qui peut bouger a peut-être une plus grande chance de s’en tirer, seulement ils sont liés, organiquement, par une espèce de tendresse qui s’exprime avec beaucoup de haine, de sarcasme, et par tout un jeu. Par conséquent, il y a dans cette pièce – qui est à un niveau théâtral absolument direct, où il n’y a pas d’immense symbole à chercher, où le style est d’une absolue simplicité –, il y a cette espèce de jeu qu’ils se font l’un à l’autre, et qui se termine aussi d’une façon ambiguë parce que le suspense dérisoire de la pièce, s’il y a suspense, c’est ce fils Clov, partira-t-il ou non ? Et on ne le sait pas jusqu’à la fin.
Je dois dire aussi que c’est une pièce comique. Les exégètes de Beckett parlent d’un « message », d’une espèce de chose comme ça. Ils oublient de dire le principal, c’est que c’est une chose qui est une découverte du langage, de faire exploser un langage très quotidien. Il n’y a pas de littérature plaquée, absolument pas. Faire exploser un langage quotidien où chaque chose est à la fois comique et tragique ».
Une pièce radiophonique en un acte pour onze personnages. Une vieille dame à demi impotente, va chercher son mari aveugle à la gare. Le train est très en retard. La femme se pose toutes les questions possibles en attendant son mari... Une pièce où les effets sonores vont jouer un rôle capital.
Malone attend sa mort dans sa chambre exiguë, un crayon à la main. Il décrit son état et invente également une série de personnages, une autre vie au point d'oublier la frontière entre réel et imaginaire. Le voilà qui devient tour à tour ses personnages. A travers le personnage de Malone, l'auteur s'exprime sur l'acte d'écrire et sur la complexité des rapports entre un écrivain et sa création.