Que se passe-t-il lorsqu'une oeuvre littéraire est adaptée au cinéma ? Pour analyser le passage du texte à l'image, comment aller au-delà d'une simple énumération des changements ? Une adaptation cinématographique est-elle une interprétation d'une texte ou un objet autonome ? De La Princesse de Clèves à Shining, de Tamara Drewe à Madame Bovary, Jean Cléder et Laurent Jullier examinent les notions de personnage, de narration ou de fidélité, pour présenter des clefs de réflexion dans cette perspective : mieux comprendre ce qui [...] se joue lorsqu'un livre devient film (et inversement).
Analyser une adaptation nous invite à identifier les spécificités de chaque genre et les passerelles qui les relient, en abandonnant la séparation entre les arts qui limite la compréhension de la littérature comme du cinéma, pour les faire véritablement dialoguer.
Etat de la recherche actuelle et nouvelles perspectives en matière d'études des réactions du "public" à l'oeuvre, essentiellement cinématographique. Les travaux croisent les perspectives, de l'approche textuelle à l'étude des relations entre un film et son public, de l'analyse du discours critique aux rapports entre les deux modes d'expression, littérature et cinéma.
Danielle Bleitrach, sociologue, universitaire spécialiste de la mondialisation et du développement, auteur de nombreux ouvrages sur le mouvement ouvrier, l'Amérique latine et plus récemment sur l'espace postsoviétique, a voulu interroger deux antinazis. Il s agit de deux références dans leur domaine, Brecht et Lang, dont la rencontre a lieu à Berlin - L'Opéra de quat'sous, M le Maudit - puis l'exil, là ils retrouvent un autre grand, Hanns Eisler, le musicien, le communiste, et ils font un film sur l assassinat d'Heydrich, le bourreau [...] de Prague : Les Bourreaux meurent aussi. Heydrich est le bourreau des juifs, l'organisateur de la solution finale, question juive à laquelle il ne sera pratiquement pas fait allusion dans le film. Pourquoi ce silence, pourquoi le choix de la fiction, l'histoire d un mensonge collectif de la population pragoise ? Mais surtout en quoi, aujourd hui, le vaccin antifasciste a-t-il désormais perdu son efficacité, laissant chacun impuissant devant le retour des périls ? Ce livre porte aussi la marque de conversations menées avec Richard Gerhke, architecte, autour de l Allemagne de Weimar, la relation entre l'architecture et le cinéma, arts de masse, industrie, création et propagande, celle de la mise en scène nazie et ses décors.
"Ca, c'était du cinéma !..." s'exclame Cendrars au terme de ses entretiens avec Michel Manoll, qui passent en revue toute sa vie et son oeuvre. En les réécrivant en vue de leur publication, il se plaît à mimer "le montage cinématographique et ses prodigieuses possibilités". C'est dire à quel point cinéma et littérature sont inextricablement liés chez Cendrars. Même si son désir de devenir un grand réalisateur ne s'est pas accompli.
Car le poète a tâté du film ! Après un moment de découverte fascinée, il vit une période [...] d'apprentissage en se frottant aux multiples facettes du métier de cinéaste. Aperuue pour la première fois en juillet 1915, lors d'une permission, la figure de Charlot marque durablement son imaginaire. La Fin du monde filmée par l'Ange N.-D. et L'ABC du cinéma (1919 et 1926), deux textes essentiels, ouvrent à Cendrars la voie des travaux pratiques : figurant dans J'accuse (1918), il sera l'assistant d'Abel Gance pour La Roue (1920).
Mais la sortie en 1923 de son propre film La Venere nera se solde par un échec. Ainsi, sa carrière de faiseur de films s'arrête à Rome. Mais il n'en aura pas fini avec le cinéma : en témoignent Une nuit dans la forêt (1929) et Hollywood. La Mecque du cinéma (1936). Le septième art reste présent dans tous ses livres. Son oeil de cinéaste, Cendrars le garde intact. De texte en texte, il en affine la sensibilité, en vivifie l'acuité, dans chaque phrase il en exalte la lumière.
Le cinéma montre le monde autant qu'il le recrée, offrant sa propre façon de voir le monde et des modèles pour le repenser, qu'il s'agisse de mythe ou d'art, du quotidien ou de l'imaginaire. Il n'entre pas moins dans le vaste palimpseste où s'alimentent tous les arts, recréant différemment ce qui fut déjà créé ; de même, au lieu de l'enfermer dans une bulle, la recréation cinématographique du monde l'interroge et l'interprète.
Le jeu de la création et de la recréation que nous examinons dans ce volume éclaire autant la [...] participation du cinéma au monde que la singularité des créations. De John Ford à Jia Zhangke, d'Alfred Hitchcock à Chris Marker en passant par Michelangelo Antonioni et Chantal Akerman, les textes évoquent les multiples manières qu'a le septième art de refaçonner le monde.
Il est question ici des rapports qu'entretiennent le cinéma et la littérature, par une approche des genres littéraires, une étude de problèmes particuliers et une analyse cinématographique de textes littéraires.
Il ne s’agit plus ici de ce que le cinéma fait à la littérature, ou inversement, mais de ce que l’imaginaire polysémique de la projection suscite d’allers et de retours entre les deux disciplines, y compris dans les éventuelles dérives «projectives» du geste interprétatif, du moment qu’il entraîne un véritable gain heuristique dans la réception des oeuvres (lecture et spectature) et travaille au croisement de l’optique et du psychique.
A partir de ces prémisses se dessinent les contours d’un nouveau chantier [...] interdisciplinaire dont cette publication collective espère déployer l’extension maximale et donner les premières clés de compréhension : généalogie théorique de l’hypothèse projective au carrefour de la littérature et du cinéma ; distinctions entre emploi facile d’une métaphore et critères scientifiques de sa pertinence comme opérateur intermédiatique ; études de cas et essais de corpus où abondent les surimpressions audiovisuelles d’images et de textes ; fictions qui, à partir d’un écran, font affleurer le refoulé, dans une dialectique toujours relancée de figure et d’irreprésentable, d’écriture et de projection.
A cause de ses incroyables mutations, le cinéma russe des années quatre-vingt-dix et celui du XXIe siècle devait être abordé dans un ouvrage collectif à la fois à travers ses thématiques, ses inventions formelles, mais également ses rapports avec l'Etat. Comment le cinéma russe contemporain repense son passé soviétique et s'inscrit dans la Russie d'aujourd'hui, comment il négocie sa place face aux goûts des spectateurs et aux exigences étatiques, comment il invente ou réinvente ses formes génériques et quelle place il laisse [...] aux cinéastes singuliers et à leurs univers cinématographiques, voilà les questions auxquelles l'ouvrage proposera des réponses.
Ecrits par les spécialistes russes, européens et américains, les textes abordent le cinéma sous des angles différents : juridique et économique, mais également historique et esthétique. Premier ouvrage collectif en français sur le cinéma russe contemporain, ce volume se veut une exploration d'une cinématographie riche et protéiforme, encore trop peu connue aujourd'hui en France.