B. Cyrulnik s'interroge sur le travail de la mémoire à travers son expérience personnelle, sur laquelle il revient également : enfant orphelin à 5 ans, prisonnier puis évadé à 6, épreuves surmontées par le travail intérieur... Faut-il se souvenir ? Et jusqu'à quand ? Y a-t-il un devoir de mémoire ? Comment et pourquoi la mémoire reconstruit-elle le souvenir ?
A travers l'évocation de sa propre enfance, le neuropsychiatre, orphelin à l'âge de cinq ans, arrêté par la Gestapo, propose une réflexion sur le travail de mémoire et examine comment celui-ci reconstruit le souvenir afin que le passé redevienne accessible.
Troisième volet de l'enquête de B. Cyrulnik sur la résilience, capacité de l'humain à résister aux chocs psychiques graves et à s'en remettre, fondée sur l'étude de cas de pré-adolescents et d'adolescents résilients.
Neurologue, psychiatre, psychanalyste, éthologue, l'auteur reprend toutes nos idées reçues en matière de psychologie, les repensant à partir de l'observation des comportements des animaux et examine, depuis le stade foetal jusqu'au vieillissement, les pathologies affectives qui sont à l'origine des troubles de la socialisation des individus.
La société étiquette rapidement des attitudes très diverses sous l'intitulé d'hyperactivité ou de trouble de l'attachement. En se détachant des phénomènes de modes sociales, l'auteur envisage une approche multiple de ce trouble du comportement.
Le neuropsychiatre propose une réflexion sur le besoin de héros, qui peut donner à l'existence le rythme des grandes épopées. Selon, lui, ce besoin est salutaire.
"Pas d'existence sans épreuves, pas d'affection sans abandon, pas de lien sans déchirure, pas de société sans solitude. La vie est un champ de bataille où naissent les héros qui meurent pour que l'on vive. Mes héros vivent dans un monde de récits merveilleux et terrifiants. Ils sont faits du même sang que le mien, nous traversons les mêmes épreuves de l'abandon, de la malveillance des hommes et de l'injustice des sociétés. Leur épopée me raconte qu'il est possible de s'élever au-dessus de la fadeur des jours et du malheur de [...] vivre. Quand ils parlent des merveilleux malheurs dont ils ont triomphé, nos héros nous montrent le chemin.". Chacun de nous a besoin de héros pour vivre, l'enfant pour se construire, l'adulte pour se réparer. Les héros nous apportent l'espoir, le rêve, la force. Mais quand les héros se laissent pervertir, ils se transforment en planteurs de haine et en pourvoyeurs du pire. Un livre saisissant.
"La résilience par le sport, c'est la métamorphose du handicap auquel on ne se soumet pas, et qui nous conduit ainsi à la réparation narcissique. Au concept de "morale sportive", je préfère celui d'empathie, dans lequel je me représente le monde de l'autre. Même sans loi, quelque chose m'empêche. Dans le sport, c'est le règlement qui freine, et non le sujet lui-même. L'empathie est plus morale que le sport. J'aime le sport de "petit niveau" parce qu'il socialise, il moralise, il produit une relation humaine, et fait naître une [...] épopée". Par le prisme du sport, qu'il a pratiqué jeune adulte, Boris Cyrulnik nous entretient de la "condition humaine", avec la bienveillance qui le caractérise. Phénomène social majeur du XXe siècle, le sport constitue à ses yeux un magnifique terrain de reconstruction. Le concept de résilience, qu'il a fait connaitre, trouve dans le sport une application exemplaire. Son approche anthropologique le conduit aussi a former l'hypothèse de la naissance des conventions de jeux dès l'avènement de la conscience de l'autre chez l'enfant, et du plaisir qui jaillira de se mesurer à lui. Ainsi, ce "protosport" de l'homo ludens s'enracinerait dans l'être en devenir dès les premiers temps de l'humanité.
Cette suite de Un merveilleux malheur poursuit l'étude de la résilience, cette aptitude que nous avons de pouvoir nous remettre de nos blessures. Montre comment et grâce à quelles facultés acquises dans l'enfance, avant ou après un événement traumatisant, un enfant peut surmonter les épreuves parfois terribles qu'il traverse.