La décision d'assassiner selon des critères spécifiques les enfants handicapés physiques et mentaux fut prise à l'été 1939, à la chancellerie de Hitler. Trois mois après, le Führer signait une autorisation pour protéger les médecins et le personnel médical associés au Programme d'euthanasie, plus connu sous le nom de code AktionT4, en référence à son adresse berlinoise. Plus tard, sur une idée de Heydrich, s'y ajouteront les délinquants placés en institution, les inaptes au travail, les personnes âgées... Dans la foulée, [...] des installations de gazage seront mises en place, les premières du genre, en complément des injections létales. Des objectifs chiffrés étaient fixés, de l'ordre du millième de la population. A ce jour, on a dénombré 200000 victimes. Mais tous les dossiers n'ont pas encore été ouverts... Götz Aly revient ici sur cette page dramatique de l'histoire allemande. L'historien raconte son enquête clans un récit bouleversant où il redonne vie aux victimes, sans jamais perdre son fil : montrer la lente mise en place au sein d'une société avancée d'un eugénisme ordinaire. Les esprits les plus éclairés l'y avaient préparé. Au-delà des instigateurs directs de ce programme monstrueux - nombre de médecins continuèrent d'exercer dans l'après-guerre et les recherches de Götz Aly furent plusieurs fois entravées -, l'effacement des valeurs morales, l'absence de toute compassion, la peur sans nul doute, auront encouragé les autorités à poursuivre leurs plans, qui menèrent un jour à la Solution finale.
Le philosophe allemand Victor Klemperer s'attacha dès 1933 à l'étude de la langue et des mots employés par les nazis. En puisant à une multitude de sources (discours radiodiffusés d'Adolf Hitler ou de Joseph Paul Goebbels, faire-part de naissance et de décès, journaux, livres et brochures, conversations, etc.), il a pu examiner la destruction de l'esprit et de la culture allemands par la novlangue nazie. En tenant ainsi son journal il accomplissait aussi un acte de résistance et de survie. En 1947, il tirera de son travail ce livre : [...] "LTI, Lingua Tertii Imperii, la langue du IIIe Reich", devenu la référence de toute réflexion sur le langage totalitaire. Sa lecture, à cinquante ans de distance, montre combien le monde contemporain a du mal à se guérir de cette langue contaminée ; et qu'aucune langue n'est à l'abri de nouvelles manipulations.
Des millions de pièces d'archives, de photos et de films, des myriades de témoignages et de récits, d'innombrables traces matérielles, tout cela fait assurément du nazisme (1933-1945) la séquence historique la mieux documentée qui soit. Et pourtant la radicalité du mal qu'il représente, le nombre insensé de ses victimes et la violence hors norme de ses bourreaux interrogent sans fin voire engendrent une forme de scepticisme. Comment les nazis se sont-ils persuadés que la vie sociale et politique reposait sur la " biologie " ? [...] Comment les barrières mentales ont-elles si facilement et si rapidement sauté ? Comment l'antijudaïsme ancien s'est-il mué en Allemagne en un antisémitisme exterminateur ? Comment les élucubrations d'historiens égarés sur la place supposée des Germains dans l'Antiquité ont-elles rencontré tant d'écho ? Comment les meilleurs juristes en sont-ils venus à récuser la morale et le droit communs ? En somme, par quelle " révolution culturelle " des hommes ordinaires sont-ils devenus des barbares ? Appuyé sur une oeuvre d'érudition considérable, le grand spécialiste qu'est Johann Chapoutot multiplie dans cet ouvrage les approches et les éclairages, quitte à y revenir à plusieurs reprises, pour mieux cerner le phénomène et ses incarnations : les conférences publiques et les interventions dans les médias lui permettent de rester au plus près des questions que se pose encore et encore le public. Les réponses y gagnent en clarté et en évidence.
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale jusqu'à nos jours, quelques hommes du Pentagone introduisent aux Etats-Unis des scientifiques allemands, parmi eux des nazis notoires et des criminels de guerre
Spécialiste reconnu de l'histoire allemande, et du III e Reich en particulier, Jean-Paul Bled raconte la vie et dépeint le rôle précis au sein de l'appareil de pouvoir nazi de vingt-trois de ses dirigeants et compagnons de route emblématiques. Il privilégie pour ce faire l'histoire méconnue de leur relation à Hitler, qu'ils soient complices (Papen, Blomberg, Schacht), intimes (Göring, Hess, Goebbels, Himmler, Bormann, Speer), séides (Rosenberg, Frick, Ribbentrop, Frank, Heydrich, Schirach), militaires (Keitel, Guderian, Rommel, [...] Dönitz), artistes (Hoffmann, Riefenstahl), enfin éliminés à l'occasion de la " Nuit des longs couteaux " (Röhm, Strasser). A l'opposé d'une certaine vulgate présentant Hitler comme un dictateur hystérique et esseulé, qui contrôle peu ou mal ses principaux barons, l'auteur établit au contraire combien sa domination, politique et psychologique, fut écrasante et les divisions entre ses lieutenants, instrumentalisées, pour mieux affermir son absolutisme. Un ouvrage novateur qui fera date par ses nombreux apports.
Eté 1936. Les Jeux olympiques de Berlin, organisés par le régime nazi, offrent au monde la vitrine d'une Allemagne sportive, pacifique et même admirable. Après un long débat, les grandes démocraties du monde ont acceptées d'envoyer leurs athlètes. Pendant quinze jours, les jeux suspendent le temps. La violence et la haine qui régnaient dans les rues de Berlin ont disparu, remplacées par la communion humaine. Ce documentaire dresse l'histoire de ces Jeux, de la préparation de la compétition aux épreuves elle-mêmes, transformées [...] par la propagande nazie en un spectacle grandiose dédié à la grandeur du Reich. Comment les grandes démocraties ont-elles pu accepter que l'Allemagne nazie soit l'hôte tout puissant des pays qu'elle cherchera bientôt à anéantir ?
La drogue est la continuation de la politique par d'autres moyens : telle est sans doute l'une des leçons les plus méconnues du IIIe Reich... Découverte au milieu des années 1930 et commercialisée sous le nom de pervitine, la méthamphétamine s'est bientôt imposée à toute la société allemande. Des étudiants aux ouvriers, des intellectuels aux dirigeants politiques et aux femmes au foyer, les petites pilules ont rapidement fait partie du quotidien, pour le plus grand bénéfice du régime : tout allait plus vite, on travaillait [...] mieux, l'enthousiasme était de retour, un nouvel élan s'emparait de l'Allemagne. Quand la guerre a éclaté, trente-cinq millions de doses de pervitine ont été commandées pour la Wehrmacht : le Blitzkrieg fut littéralement une guerre du " speed ". Mais, si la drogue peut expliquer les premières victoires allemandes, elle a aussi accompagné les désastres militaires. La témérité de Rommel, l'aveuglement d'un Göring morphinomane et surtout l'entêtement de l'état-major sur le front de l'Est ont des causes moins idéologiques que chimiques. Se fondant sur des documents inédits, Norman Ohler explore cette intoxication aux conséquences mondiales. Il met notamment en lumière la relation de dépendance réciproque qui a lié le Dr Morell à son fameux " Patient A ", Adolf Hitler, qu'il a artificiellement maintenu dans ses rêves de grandeur par des injections quotidiennes de stéroïdes, d'opiacés et de cocaïne. Mais, au-delà de cette histoire, c'est toute celle du IIIe Reich que Ohler invite à relire à la lumière de ses découvertes.
Portraits d'Hitler, Göring, Ribbentrop, Himmler, Heydrich et Canaris par un haut dignitaire nazi qui les a côtoyés. Il mêle tranches de vie, analyses psychologiques et réflexions historiques. Les annotations éclairent l'idéologie de leur auteur qui tente par ce texte de justifier ses actes, expliquer l'échec du IIIe Reich et repenser le nazisme pour lui redonner vie.
A Auschwitz, les gardiens n'ont pas seulement exterminé des femmes et des enfants, ils ont aussi tué le temps. A partir des archives de la SS, cette enquête reconstitue la stratégie mise en oeuvre par Himmler et ses adjoints pour permettre aux gardiens de camps de concentration d'accomplir leur office, et éviter qu'ils ne s'ennuient. Prix Augustin-Thierry 2011.