Les premiers seront les derniers, prophétisaient les Evangiles. Concernant les people, ils ne se sont pas trompés. Beaucoup de derniers sont devenus les premiers ; ils s'appellent par exemple Kim Kardashian ou Justin Bieber. L'histoire contemporaine a transformé ces personnages insignifiants en idoles incontournables. Pour de nombreux jeunes, et de moins jeunes, le nom de Jean Baptiste Giacobini ou Nabila signifie quelque chose. D'autres considèrent, au contraire, que quelques basses oeuvres tiennent lieu d'oeuvres à ces deux-là. Leur [...] triomphe peut nous faire rire ou pleurer, cela ne nous dispense pas de le comprendre. Pourquoi notre époque a-telle couronné l'insignifiance ? En l'espace d'un demi-siècle, tout se passe comme si la hiérarchie des valeurs s'était déplacée de Foucault (Michel) à Foucault (Jean-Pierre). La jeunesse d'hier défilait derrière Karl (Marx), celle d'aujourd'hui préfère Karl (Lagerfeld).
La meilleure façon de comprendre une époque, est de se pencher sur ses obsessions. La nôtre est obsédée par la célébrité. Chaque jour, dans des milliers d'émissions de télé-réalité, des individus de par le monde s'humilient dans des postures que les militants des droits de l'homme ne manqueraient pas de dénoncer si ces « candidats » à la honte n'étaient pas tous volontaires.
Manger des sauterelles, évoquer sa frigidité ou son micro-pénis, ou tout simplement rester en garde à vue dans un studio de télévision pendant 30 jours, tout est bon pour devenir un « people ».
La société, autrement dit le peuple, a érigé le people en souverain. La célébrité a désormais son royaume partout dans notre monde. Le fait est suffisamment frappant pour mériter que l'on s'y arrête, quel que soit le mépris que l'on peut nourrir par ailleurs pour un sujet aussi futile. Tenter d'analyser ce phénomène pourrait même nous permettre de mieux vivre. Car, la meilleure façon de ne pas céder à la déploration au sein d'une époque fascinée par des people est de chercher à comprendre ce que l'on désapprouve. Comment expliquer la mutation de la célébrité en valeur suprême ? La question constitue un vrai défi pour le sociologue.
Dans les réunions en entreprise, à l'université ou dans les organismes sociaux, les responsables et les partis politiques se préoccupent de rendre visible l'action menée de façon à capter l'attention.
Pour les auteurs, l'ensemble des pratiques sociales connaît à présent les tyrannies de la médiatisation permanente.
"La visibilité est un terme qui revient aujourd'hui de façon récurrente dans le débat public. Nous vivons une injonction permanente à rendre visible - à travers les médias, les réseaux sociaux, les blogs, [...] Internet... - ce que nous sommes et ce que nous faisons, sous peine d'être voués à une inexistence sociale et psychique.
Pourquoi et comment l'exigence de visibilité a-t-elle pris une telle ampleur aujourd'hui ? Quelles en sont les manifestations et les conséquences à différents niveaux, celui de la société dans son ensemble, celui du travail, de la vie politique, de la façon de communiquer, celui du rapport à soi et à l'autre ? L'invisible est-il devenu inutile ? En acceptant d'être réduits à ce que nous offrons au regard, à nos seules apparences, ne renonçons-nous pas à notre intériorité la plus profonde, cette intimité de soi qu'on appelait le for intérieur ?
Cet ouvrage s'attache à répondre à ces questions en montrant comment le refus de se soumettre à cet impératif de transparence révèle le désir, la volonté, le besoin de préserver quelque chose d'un espace d'expérience intérieure, fondement de l'ultime liberté de l'individu" (4e de couv.).
Contributions : Nicole Aubert, Jacqueline Barus-Michel, Joseph Belletante, Joël Birman, Jean-Philippe Bouilloud, Teresa Cristina Carreteiro Jamil Dakhlia, Eugène Enriquez, Vincent de Gaulejac, Florence Giust-Desprairies, Claudine Haroche, Nathalie Heinich, Nolwenn Hénaff, Francis Jauréguiberry, Mohamed Maalej, Jan Spurk, Elisabeth Tissier-Desbordes, Serge Tisseron, Anne Vincent-Buffault, Paul Zawadzki.
Cet essai montre en quoi les excès de la communication et des communicants minent la vie politique française, créent une défiance profonde de l'opinion publique. Il s'agit de réhabiliter une certaine rareté de la parole publique.
Plus qu'aucun autre genre cinématographique américain, la comédie musicale de l'âge d'or hollywoodien dépend de la présence et parfois du nombre de stars à l'affiche : si ces personnalités répondent aux exigences du star system, leurs indispensables compétences en danse et/ou en chant leur donnent aussi une place à part dans un modèle reposant principalement sur l'image. Cet ouvrage examine ce qui fait le propre des vedettes du musical américain à partir des années 1930 : leurs performances, en particulier en solo, qui [...] révèlent aussi la façon dont la comédie musicale cinématographique interagit avec les cultures savante et populaire.
Les numéros de Fred Astaire, Cyd Charisse, Rita Hayworth, Barbra Streisand, Carmen Miranda, Eleanor Powell, Bing Crosby, Bob Hope, Eddie Cantor, Doris Day et des Nicholas Brothers sont ainsi analysés selon quatre questions principales : la place de la technologie dans les performances modelées pour le cinéma (montage, doublage...) ; les questions d'ethnicité et la place particulière que le genre musical accorde - ou pas - aux interprètes « non blancs » ; l'importance des stars comiques qui introduisent des moments carnavalesques dans les films ; et le processus même de construction des stars au sein du système hollywoodien, dans son lien avec les autres formes de spectacles ou les industries culturelles.