Béla Tarr, le temps d'après : réalisé à l'occasion de la rétrospective BÉLA TARR, organisée à Paris, au Centre Pompidou en collaboration avec le Festival d'Automne à Paris, 3 déc. 2011-2 janv. 2012
Explique la distinction significative entre le politique et la politique. Le politique, c'est l'objet philosophique de pensée (les principes de la loi, le pouvoir, la communauté), tandis que la politique garde son sens ordinaire de lutte des partis pour le pouvoir. Montre que le politique est la rencontre de deux processus hétérogènes : le gouvernement et l'égalité.
L'auteur montre comment la révolution littéraire bouleverse de fait l'ordre sensible qui soutenait les hiérarchies traditionnelles, et pourquoi l'égalité littéraire déjoue la volonté de mettre la littérature au service de la politique. Il met ses hypothèses à l'épreuve sur Flaubert, Tolstoï, Mallarmé, etc. Il en montre les conséquences pour l'interprétation psychanalytique, historique, etc.
La multiplication des discours dénonçant la crise de l'art ou sa captation fatale par le discours, la généralisation du spectacle ou la mort de l'image indiquent assez que le terrain esthétique est aujourd'hui celui où se poursuit une bataille qui porta hier sur les promesses de l'émancipation et les illusions et désillusions de l'histoire.
Bela Tarr, né en 1955 en Hongrie, a commencé à filmer à la fin des années 1970.
Il est l’un des plus grands réalisateurs des trois dernières décennies. Son dernier film, "Le cheval de Turin", qui sortira à la fin de l’année 2011, a reçu le Grand prix du jury à la Berlinale. Des rumeurs prétendent que Bela Tarr mettrait bientôt fin à sa carrière.
Le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective intégrale et accompagne ce livre avec les éditions Capricci, dans lequel Jacques Rancière décrit un jeune cinéaste hongrois [...] qui fait partie de ceux qui voulaient bousculer le futur de son pays en prenant la cause de ceux qui voulaient voir les mots traduits en réalité.
Le cinéma de Bela Tarr décrit ce monde.
Il montre que le cinéma peut prendre le temps d’affirmer tous ses pouvoirs de montrer et de suggérer. La caméra n’est plus pressée. Rien à voir avec un esthétisme formaliste. Ce n’est pas non plus un constat désabusé. La colère l’habite, intacte.
Réunit deux essais ecrits à l'occasion de l'exposition "Face à l'histoire" organisée en 1996 au Centre Georges-Pompidou : "L'Inoubliable" et "Sens et fugures de l'histoire".
Dans les années 1920, le cinéma voit apparaître un langage nouveau, celui des idées devenues sensibles, révoquant ainsi l'ancien art des histoires et des personnages. Mais il fallait aussi restaurer les intrigues, les types et les genres que d'autres arts avaient fait voler en éclats. J. Rancière analyse les formes de ce conflit entre deux poétiques qui font l'âme du cinéma.
Tout commence à la tombée de la nuit quand, dans les années 1830, un certain nombre de prolétaires décident de briser le cercle qui place le sommeil réparateur entre les jours du salaire : cercle d'une existence indéfiniment vouée à entretenir les forces de la servitude avec celles de la domination, à reproduire le partage qui destine les uns aux privilèges de la pensée, les autres aux servitudes du travail.
Le rêve éveillé de l'émancipation ouvrière est d'abord la rupture de cet ordre du temps qui structure l'ordre social, [...] l'affirmation d'un droit dénié à la qualité d'être pensant. Suivant l'histoire d'une génération, ce livre met en scène la singulière révolution intellectuelle cachée dans le simple nom de "mouvement ouvrier". Il retrace ses chemins individuels et collectifs, ses rencontres avec les rêves de la communauté et les utopies du travail nouveau, sa persistance dans la défection même de l'utopie.
Au sommaire : Avant-propos. 1ère partie- L'homme au tablier de cuir. 2ème partie- Le rabot brisé. 3ème partie- L'Hercule chrétien. Epilogue : la nuit d'octobre.
En 1818, Joseph Jacotot sème un vent de révolution dans l'Europe savante. Non content d'avoir appris le français à des étudiants flamands sans leur donner aucune leçon, il se met à enseigner ce qu'il ignore, proclamant l'émancipation intellectuelle. Jacques Rancière lui rend ici un brillant hommage et ravive une philosophie trop vite oubliée et d'une égalité universelle de l'intelligence.
Au sommaire : I- Une aventure intellectuelle II- La leçon de l'ignorant III- La raison des égaux IV- La société du mépris V- [...] L'émancipateur et son singe.
On le sait depuis Aristote : ce qui distingue la fiction de l'expérience ordinaire, ce n'est pas un défaut de réalité mais un surcroît de rationalité. Elle dédaigne en effet l'ordinaire des choses qui arrivent les unes après les autres pour montrer comment l'inattendu advient, le bonheur se transforme en malheur et l'ignorance en savoir. Cette rationalité fictionnelle a subi à l'âge moderne un destin contradictoire. La science sociale a étendu à l'ensemble des rapports humains le modèle d'enchaînement causal qu'elle réservait [...] aux actions d'êtres choisis. La littérature, à l'inverse, l'a remis en cause pour se mettre au rythme du quotidien quelconque et des existences ordinaires et s'installer sur le bord extrême qui sépare ce qu'il y a de ce qui arrive. Dans les fictions avouées de la littérature comme dans les fictions inavouées de la politique, de la science sociale ou du journalisme, il s'agit toujours de construire les formes perceptibles et pensables d'un monde commun. De Stendhal à João Guimarães Rosa ou de Marx à Sebald, en passant par Balzac, Poe, Maupassant, Proust, Rilke, Conrad, Auerbach, Faulkner et quelques autres, ce livre explore ces constructions au bord du rien et du tout. En un temps où la médiocre fiction nommée " information " prétend saturer le champ de l'actuel avec ses feuilletons éculés de petits arrivistes à l'assaut du pouvoir sur fond de récits immémoriaux d'atrocités lointaines, une telle recherche peut contribuer à élargir l'horizon des regards et des pensées sur ce qu'on appelle un monde et sur les manières de l'habiter (4e de couv.).
Table :
Introduction.
Portes et fenêtres.
.Derrière les vitres.
.Les yeux des pauvres.
.Ce que voient les voyeurs.
.Fenêtre sur rue.
Le seuil de la science.
.Le secret de la marchandise.
.Les aventures de la causalité.
Les rives du réel.
.L'inimaginable.
.Paysages de papier.
Le bord du rien et du tout.
.Le moment quelconque.
.Deux histoires de pauvres.
.La parole du muet.
.Le moment sans mesure.
Analyse la controverse actuelle autour de l'esthétique et de sa légitimité en tant que pratique philosophique à identifier l'art et à penser le sensible. Et étudie l'évolution de la place que prennent simultanément la politique et l'éthique dans cette pratique.
Au sommaire : Politiques de l'esthétique (L'esthétique comme politique. Problèmes et transformations de l'art critique). Les antinomies du modernisme (L'inesthétique d'Alain Badiou : les torsions du modernisme. Lyotard et l'esthétique du sublime : une contre-lecture de [...] Kant). Le tournant éthique de l'esthétique et de la politique.