Histoires de voir : publié à l'occasion de l'exposition "Histoires de voir, Show and Tell", présentée à la Fondation Cartier pour l'art contemporain à Paris, du 15 mai au 21 octobre 2012
S'il est issu de l'imagerie populaire qui véhicule coutumes et traditions, l'art naïf l'est aussi des peintures d'enseigne et des ex-voto du XVe au XVIIIe siècle. S'écartant des modes de représentation habituels, il fut longtemps considéré comme primitif, voire arriéré.
L'auteure revient sur cette forme d'expression artistique devenue populaire à la fin du 19e siècle, caractérisée par sa spontanéité et sa simplicité, autour d'artistes comme Henri Rousseau, Séraphine de Senlis, André Bauchant, Camille Bombois, Joan Miro, Guido Vedovato, Niko Pirosmani et Ivan Generalic.
Catalogue de l’exposition "Le Douanier Rousseau. L'innocence archaïque" au musée d’Orsay, du 22 mars au 17 juillet 2016.
Peintre éminemment singulier, Henri Rousseau est un cas unique dans l'histoire de l'art européen. Son oeuvre s'inscrit pourtant dans son temps, au tournant du XXe siècle : en confrontant sa peinture à quelques-unes de ses sources d'inspiration, qui comptent l'académisme comme la nouvelle peinture, et aux oeuvres des artistes d'avant-garde l'ayant intronisé comme père de la modernité," Le Douanier Rousseau. [...] L'innocence archaïque" se veut une mise en lumière critique de son art autour d'une réflexion sur la notion d'archaïsme.
Le Douanier Rousseau, peintre autodidacte, a représenté la société de son temps mais est surtout connu pour ses tableaux à sujets exotiques inspirés par ses visites au Jardin des plantes et par des ouvrages de botanique. Rejeté par les critiques pour son style naïf mais apprécié des artistes, il se proclamait réaliste. Son oeuvre donne à réfléchir sur la notion d'archaïsme en peinture.
Commissaires d'exposition : Guy Cogeval, Gabriella Belli, Beatrice Avanzi, Claire Bernardi et Annabelle Mathias.
Auteurs : Elisabetta Barisoni, Gabriella Belli, Claire Bernardi, Guy Cogeval, Laurence des Cars, Angela Lampe, Annabelle Mathias, Yann Le Pichon, Elena Pontiggia, Valerio Terraroli.
L'exposition "Histoires de voir, Show and Tell" fait découvrir les oeuvres et raconte les histoires de plus de 50 artistes du monde entier, peintres, sculpteurs, dessinateurs et cinéastes. Ils sont brésiliens, indiens, congolais mais aussi haïtiens, mexicains, européens, japonais, américains. Ils vivent à Paris ou Port-au-Prince, à Tokyo ou dans les faubourgs de Mexico City, en Amazonie ou dans les campagnes non loin de Mumbai. Ils se sont découverts artistes et ont appris à voir dans des circonstances et des contextes singuliers ; [...] souvent considérés comme « naïfs » ils ont rarement été invités à présenter leurs oeuvres dans des institutions dédiées à l’art contemporain.
"Histoires de voir" est née de la curiosité d’aller voir et de comprendre en quoi consiste l’art dit « naïf », « autodidacte » ou « primitif », de partir à la rencontre d’artistes empruntant d’autres chemins que ceux imposés par les codes visuels dominants, de revisiter les relations entre art contemporain et art populaire, entre art et artisanat. L’exposition répond au désir de libérer le regard et de regarder autrement, de donner la parole à des artistes et des communautés d’artistes qui portent sur le monde un regard émerveillé. Elle fait connaître des femmes et des hommes pour qui l’art est « en lien étroit avec l’hypersensibilité du coeur » et dont les oeuvres sont « un document de vie », selon les mots d’Alessandro Mendini, designer et architecte italien qui scénographie l’exposition.
Riche de plus de 400 oeuvres, accompagnée de films et de textes qui donnent à entendre et à lire la parole des artistes, à comprendre les contextes dans lesquels leur art apparaît, l’exposition révèle un vaste réseau de correspondances, de complicités secrètes entre des oeuvres issues de géographies, de cultures et de savoirs différents. Malgré la diversité des styles, de nombreux éléments relient les oeuvres entre elles : l’exubérance des couleurs, la distorsion des échelles et des perspectives, la stylisation des formes mais aussi la représentation de la nature, des animaux et des visages, la place du rêve et de l’imaginaire.
"Histoires de voir" célèbre l’existence de pensées autres, la recherche de formes nouvelles, suggérant qu’une multiplicité d’arts contemporains est possible, et que la création est une recherche de connaissance et une expérience du monde.
Textes de : Bruce Albert, Claudia Andujar, Valdir et Danilo Benites, Capucine Boidin, Ronaldo Costa, Lalada Dalglish, Laymert Garcia Dos Santos, Laurence Graffin, Joao Grinspum Ferraz, Dodora Guimaraes, Iba, Takeshi Kitano, Nina Krstic, André Magnin, Alessandro Mendini, Tiago Mesquita, Paulo Monteiro, Rodrigo Naves, Virgil Ortiz, Paulo Pasta, Hervé Perdriolle, Sally Price, Daniel Reis, Betsabée Romero, Roberto Rugiero, Andrea Rygg Karberg, Leanne Sacramone, Patrick Vilaire, Tadanori Yokoo.
Dans la campagne de l'Yonne, la volonté de créer un musée rural des Arts populaires allait être une aventure à la démesure de son fondateur, Raymond Humbert. Autour de Laduz, en parcourant les villages, sa femme Jacqueline et lui ont découvert les ateliers abandonnés des anciens artisans : menuisiers, maréchaux-ferrants, charrons, bourreliers. Tout était encore en place. Emus, ils ont entrepris de rassembler toute cette mémoire, rurale qui disparaissait dans l'indifférence et que l'on retrouvait petit à petit sur les décharges et [...] chez les ferrailleurs brocanteurs. En 1977, Raymond et Jacqueline Humbert entreprennent avec leurs enfants la restauration des bâtiments du futur musée. Alors qu'en 1990 tout est enfin en place, il décède brutalement. Contre vents et marées, avec obstination et ténacité, Jacqueline Humbert continue l'oeuvre entreprise. Elle souhaitait publier ce texte de Raymond Humbert en écho à leur passion commune pour l'art insolite.